La lecture du livre : « Viktor Frankl, nos raisons de vivre, à l’école du sens de la vie » est revigorante, pour une raison bien simple : dans une société dont la caractéristique essentielle est devenue la perte du sens de la vie, et où chacun court dans tous les sens – ce qui équivaut à une absence de sens -, celui-ci propose une thérapie fondée justement sur la recherche du Sens, au sens supérieur du terme. Quel bonheur ! Comme cela fait du bien !
La critique des psychothérapies dominantes
Le constat critique est rude pour les psychothérapies dominantes, arqueboutées surtout autour de la psychanalyse et le behaviorisme (« la singularité de l’être humain est méprisée et négligée par les psychologues qui adhèrent au modèle de la machine et celle du rat » – idem pour la psychanalyse qui confond la conscience avec le surmoi et l’amour avec les dérives de la libido et du ça. L’auteur critique aussi tous les experts et spécialistes d’une pseudo-science – « des hommes qui n’aperçoivent pas la forêt de la vérité depuis l’arbre des faits » -, qui nous entraînent dans un dissémination des savoirs, où plus personne n’y comprend plus rien.
Une thérapie antidote : la logothérapie
Victor Frankl, face à tous ces maux, nous propose une thérapie antidote : la logothérapie, du mot grec logos signifiant Esprit et Sens, la dimension supérieure de l’être humain. La logothérapie c’est la recherche de la volonté du sens – par opposition à la volonté de plaisir de Freud ou la volonté de puissance d’Adler. Elle peut être définie comme « l’effort humain fondamental pour trouver un sens à sa vie ». La logothérapie est un hymne salvateur à rétablir ce qu’il y a de plus important chez l’être humain et qu’il a oublié en chemin : sa possibilité d’auto-transcendance et de choix conscient vers les valeurs supérieures qui l’inspirent et l’animent, quand il connecte enfin son humanité, c’est à dire tout ce qui tourne autour de l’Amour inconditionnel, la recherche du Beau, la recherche de la Vérité au sens spirituel et transpersonnel du terme.
Les névroses noogènes
Dans le même ordre d’idée, Victor Frankl, en tant que psychiatre renommé à Vienne, après avoir réussi à survivre aux camps d’extermination nazis, met en évidence une nouvelle forme de névrose actuelle, qu’il appelle les névroses noogènes – venant du terme un peu ésotérique de noosphère ou noologie désignant le niveau supérieur de l’Esprit, par opposition aux névroses psychologiques qui concernent la psyché limitée à la personne. Ce sont toutes les névroses de ceux qui ont perdu le sens de leur vie et l’accès à l’Esprit. Viktor Frankl les estime à 20%, je serai plus pessimiste, car c’est une dimension importante chez tous ceux qui souffrent actuellement de dépression, d’addictions et d’anxiété chronique. Parallèlement, il nous propose, à l’aide de quelques exemples pratiques, sa méthode pour traiter le vide existentiel de ces névroses, méthode centrée autour de la maïeutique socratique et de l’intention paradoxale pour transcender les cercles vicieux.
Une vision intégrative
Enfin, la logothérapie affiche aussi un début de vision intégrative de la psychothérapie, au sens où elle ne rejette pas vraiment les autres méthodes de la psychologie dominante, mais elle propose juste une dimension supplémentaire, supérieure, au sens de « plus inclusive et plus englobante ». Elle conseille même « une pratique simultanée dans une multidimensionnalité bien comprise ». Ce sont les termes exactes de la psychothérapie intégrative telle que je la conçois et qui ont été élaborés dès 1969, date de parution de ce livre, que les éditions InterEditions ont bien fait d’exhumer de l’oubli, tellement il apparait actuel.