Le sens de la vie n’est plus seulement une question philosophique : c’est aujourd’hui une véritable urgence psychique chez de nombreuses personnes.
La société contemporaine, marquée par la vitesse, la surinformation, l’incertitude économique ou climatique, met à l’épreuve notre capacité à donner une direction à notre existence.
Il suffit de regarder autour de soi : burn-out professionnel, détresse étudiante, solitude croissante, tensions identitaires, sentiment d’impuissance face aux crises globales.
Chacun de ces phénomènes révèle un même sous-texte : la difficulté à comprendre le pourquoi et le pour qui de nos efforts quotidiens.
Dans ce contexte, la logothérapie retrouve une actualité brûlante. Viktor Frankl évoquait déjà le « vide existentiel » de sociétés où, ayant comblé bon nombre de besoins matériels, l’être humain n’en demeure pas moins insatisfait, parfois même égaré.
Aujourd’hui, la tentation du repli, du cynisme ou la fuite dans le virtuel témoignent de cette angoisse existentielle qui n’épargne personne.
Au cœur de la logothérapie : des valeurs essentielles pour traverser l’existence
Face à ces remous, la logothérapie propose de s’appuyer sur des valeurs fondamentales :
- La liberté : non pas une absence de limites, mais la capacité intérieure de choisir son attitude face aux circonstances, de s’orienter, même dans la contrainte, vers ce qui compte vraiment.
- La responsabilité : accepter de devenir auteur de son chemin, se responsabiliser non seulement vis-à-vis de soi, mais aussi envers autrui.
- L’authenticité : oser être soi, avancer avec lucidité sur ses désirs, ses valeurs, ses contradictions, et dépasser la peur de « mal faire » pour vivre en accord avec ses convictions.
- L’amour : reconnaître la puissance du lien, la force de la relation ; car le sens s’éprouve aussi dans la rencontre, l’engagement, la bienveillance.
- L’acceptation de la souffrance : considérer la difficulté non comme un échec, mais parfois comme une étape, une possibilité de se découvrir autrement, de se réinventer et de donner sens aux épreuves traversées.
Une thérapie du sens, concrète et vivante
En séance, il ne s’agit pas d’apporter une recette miracle, mais d’ouvrir un espace où chacun peut questionner franchement ce qui, peut-être, n’a jamais été formulé :
Qu’est-ce qui importe vraiment pour moi ? Quelles valeurs m’animent en profondeur ? De quoi voudrais-je me souvenir à la fin de ma vie ?
Le travail thérapeutique se construit alors pas à pas : par la parole, l’écoute, la reformulation, mais aussi à travers des exercices de projection, d’écriture ou de visualisation qui aident à se reconnecter à ce qui donne sens.
Peu à peu, la personne reprend contact avec ses ressources intérieures ; elle retrouve un fil directeur, un ancrage qui lui permet d’agir avec plus de clarté et d’apaisement.
La logothérapie ne cherche pas à « effacer » les symptômes, mais à redonner une direction de vie, un horizon vers lequel avancer.
Le sens comme boussole intérieure
L’actualité nous rappelle que la perte de sens, loin d’être une abstraction, est à l’origine de bien des souffrances contemporaines.
Chercher le sens, c’est non seulement préserver sa santé mentale, mais aussi rester capable de solidarité, de créativité et d’espérance dans un monde en mutation.
C’est retrouver une boussole intérieure, là où tout semble instable à l’extérieur.
La logothérapie, à trave rs son approche humaniste et existentielle, invite chacun à ne pas subir la marche du monde, mais à y participer, doté de repères intérieurs plus solides et d’un projet de vie en accord avec ses valeurs.
Se décentrer pour mieux se retrouver
La capacité de décentration, ou transcendance de soi, distingue profondément la démarche de Viktor Frankl des autres approches psychothérapeutiques.
Elle consiste à sortir d’une vision centrée uniquement sur sa souffrance pour envisager sa vie dans une perspective plus vaste.
Cette faculté de prendre de la hauteur face aux événements permet de remettre les choses en perspective et de retrouver une orientation intérieure.
En logothérapie, cette décentration ne signifie pas fuir ses émotions ou minimiser ce que l’on traverse, mais plutôt replacer chaque expérience dans le cadre plus large de ce qui donne sens à sa vie.
C’est dans ce mouvement d’ouverture que l’individu peut renouer avec ce qui est essentiel à son existence : son bien-être, ses valeurs, ses engagements, ses liens.
La transcendance de soi n’est donc pas un renoncement, mais une manière de se réconcilier avec la vie en découvrant qu’elle dépasse nos blessures ponctuelles.
Conclusion : l’acceptation, une porte vers le sens
Un jour, une patiente confrontée à la perte soudaine d’un proche m’a confié :
« Je voudrais que cette douleur disparaisse. J’ai l’impression qu’elle ne devrait pas exister dans ma vie. »
En logothérapie, il ne s’agit pas de nier la souffrance ou de la « guérir » à tout prix, mais de l’accompagner et de lui donner un sens nouveau.
En acceptant la présence de sa peine, cette personne a pu découvrir ce que cette épreuve révélait en elle : la force de reconnaître son amour, sa capacité de résilience, le désir profond de rendre hommage à l’être disparu en poursuivant son propre chemin avec plus de conscience.
Comme l’écrivait Viktor Frankl :
« La souffrance cesse d’être souffrance dès qu’elle trouve un sens. »
En acceptant ce qui ne peut être changé, chacun retrouve une forme de liberté intérieure et la possibilité de réinventer son histoire, non pas malgré l’épreuve, mais à travers elle.
Chaque accompagnement est une rencontre unique, où le travail sur le sens devient une invitation à se reconnecter à soi et à ce qui rend la vie digne d’être vécue.
